Association des importateurs de ciment. Accuse Jah Oil, ministre du Commerce, de campagne de désinformation

Par : Malanding Darboe et Jung Jabang

L’Association des importateurs et commerçants de ciment (CITA) a accusé la société Jah Oil et le ministre du commerce de mener une campagne de désinformation contre ses membres. Pendant ce temps, la CITA a déclaré que le gouvernement gambien avait entrepris une action préjudiciable qui menace de paralyser l’industrie de la construction, décrite comme l’épine dorsale de l’économie gambienne. 

“En augmentant les droits d’importation sur le ciment ensaché en provenance de tous les pays africains, le gouvernement favorise effectivement un monopole pour Jah Oil, une entreprise en difficulté avec des prêts garantis par le gouvernement de plusieurs millions de dollars. Cette décision est non seulement économiquement insensée mais aussi moralement indefendable, car elle privilégie les intérêts des entreprises au détriment du bien-être du peuple gambien”, a déclaré la CITA dans uncommuniqué de presse publié à cet effet lundi.

Elle a ajouté : “Cette directive bénéficiera de manière disproportionnée aux importateurs à grande échelle, qui emploient collectivement moins de 500 personnes, tout en décimant les importateurs à petite échelle qui fournissent des emplois à plus de 3 000 individus et représentent plus de 300 petites entreprises à travers la Gambie. Le secteur de la construction, qui attire d’importantes remises et contribue à plus de 40 % de notre PIB, sera gravement affecté par tout retard dans les projets, compromettant le potentiel économique et la croissance de notre nation. Depuis la fête de Tabaski, les importateurs à petite échelle sont bloqués à la frontière, avec des millions de dollars d’actifs exposés aux pluies et des millions supplémentaires bloqués sans possibilité de rapatrier ces fonds dans l’économie gambienne. Les chauffeurs et leur personnel sont confrontés quotidiennement à des risques, y compris le sabotage et le vol de cargaisons, sans soutien sécuritaire du gouvernement. Cette négligence aggrave les défis auxquels font face les entreprises et les travailleurs gambiens, mettant en évidence le mépris du gouvernement envers son peuple.”

L’association a averti que “la préférence du gouvernement pour le ciment en poudre asiatique et européen au détriment du ciment en sac africain entraînera d’importantes pertes de revenus fiscaux et la suppression de milliers d’emplois”. Elle a poursuivi : “Cette politique ne profite qu’à Jah Oil, lui permettant de manipuler le marché et d’augmenter les prix du ciment. L’affirmation du ministère du commerce selon laquelle les importateurs à petite échelle n’ont généré que 25 millions de dalasis de revenus fiscaux l’année dernière est manifestement fausse. Et l’administration des impôts doit expliquer comment des centaines de millions de dalasis se sont évaporés dans la nature. Ce chiffre suggère que seulement huit camions étaient opérationnels tout au long de 2023, malgré des preuves récentes montrant plus de 130 camions libérés de la frontière en une seule journée il y a un mois à peine. Comme en témoigne Ciment Du Sahel, ils ont exporté plus de 620 000 tonnes de ciment vers la Gambie en 2023, ce qui a généré rien qu’en taxes fiscales 550 millions de dalasis avant Sococim et Dangote. Que fait l’administration des impôts avec le trésor de notre pays ?”

La CITA a affirmé qu’en réalité, 200 importateurs à petite échelle, lorsqu’ils fonctionnent normalement, contribuent annuellement avec plus d’un milliard de dalasis grâce aux droits d’importation et à la taxe sur le carburant, et fournissent des emplois à des milliers de jeunes Gambiens. “Les emplois sont cruciaux pour prévenir la criminalité et la migration illégale. Le paiement d’un million de dalasis par navire à la NAWEC par Jah Oil est dérisoire comparé aux contributions fiscales hebdomadaires de 3,5 millions de dalasis des importateurs à petite échelle, dont bénéficie directement le gouvernement. Momodou Hydara, directeur général de Jah Oil, continue sacampagne de désinformation avec ses complices au ministère du commerce, en ayant recours aux mêmes tactiques d’intimidation qu’à la NIA. Il est inacceptable qu’un homme qui a supervisé la torture de Gambiens soit autorisé à se promener librement et à siéger aux côtés des fonctionnaires gouvernementaux tandis que ses victimes endurent un traumatisme à vie ou, pire, reposent dans leurs tombes. Où est la responsabilité dans notre pays ?

“Malgré les campagnes incessantes de désinformation de Jah Oil et des ministères de l’Information et du Commerce, les importateurs à petite échelle ont toujours engagé des discussions avec le gouvernement de bonne foi. Nos multiples appels au Président et aux ministères du commerce sont restés sans réponse, et notre droit constitutionnel à manifester a été refusé quatre fois sans raison valable. Cette répression des droits démocratiques souligne une tendance troublante de favoritisme gouvernemental en faveur du soutien aux monopoles comme Jah Oil, qui ont été renfloués à plusieurs reprises depuis 2010 par le biais de certificats d’investissement spéciaux, de prêts et d’interdictions temporaires d’importation conçues pour soutenir leur entreprise. Le peuple gambien doit reconnaître les implications graves de cette politique. La dépendance de Jah Oil à des prix élevés du ciment pour rembourser ses prêts injustifiables est une indication claire de la complicité du gouvernement. Il est impératif que nous nous unissions pour mettre fin à cette politique nuisible et éviter de nouveaux conflits commerciaux avec les membres de la CEDEAO, qui fournissent également tout le basalte, l’électricité et la sécurité à l’administration Barrow.”