Par : Momodou Justice Darboe
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de la Gambie (GCCI), Edrisa Mass Jobe (EMJ), a souligné que la GCCI espère qu’une guerre commerciale et des mesurestarifaires ne devraient pas commencer entre la Gambie et le Sénégal.
Dernièrement, Banjul et Dakar ont été engagés dans unediplomatie de navette, les responsables gambiens ayant effectuédes allers-retours entre les deux villes pour discuter des moyensde lever certains des obstacles commerciaux apparents entre le Sénégal et la Gambie, tels que l’augmentation des tarifs sur le ciment. Il y a également des missions imminentes entre les présidents Faye et Barrow concernant le commerce.
Le gouvernement gambien, dans une décision impopulaire, a considérablement augmenté le tarif sur le ciment en sac, passant de 30 D par sac à 180 D par sac, entraînant des pénuries de ciment et des hausses de prix dans de nombreuses régions du pays.
En raison du nouveau tarif, des camions de ciment sont restésbloqués à la frontière entre la Gambie et le Sénégal pendant des semaines, les importateurs affirmant que ce tarif pourrait les mener à la faillite et entraîner d’importantes pertes d’emplois.
Le président de la GCCI a conseillé que les négociations entre les parties prenantes concernant le nouveau tarif sur le cimentdevraient se poursuivre, car, selon lui, la décision d’augmenterce tarif a été précipitée.
“Les décisions [augmentation des tarifs sur le ciment] sont trop hâtives et l’augmentation des tarifs de six fois n’est pas trèsprogressive. Cela va mettre beaucoup de gens au chômage”, a-t-il souligné.
“Et l’autre chose est la stabilité du marché. Si le marché du ciment n’est pas stable, cela va affecter les envois de fonds. Si cela affecte les envois de fonds, cela va détruire la valeur du dalasi et si cela détruit la valeur du dalasi, tout le reste sera plus cher”, a-t-il ajouté.
Le président de la GCCI a insisté pour que ni les importateurs de ciment ni les soi-disant producteurs ne soient autorisés à former un cartel ou à exercer un monopole dans le secteur du ciment.
Il a suggéré que le gouvernement prenne l’initiative dans les discussions sur les tarifs du ciment.
“Nous pensons que le gouvernement devrait prendre l’initiative.Et, nous devrions tous nous asseoir ensemble dans le but d’assurer la stabilité de l’approvisionnement et comment nous assurer que les consommateurs, en particulier les travailleursacharnés, ne paient pas plus”, a-t-il déclaré.
Le président Jobe a souligné que l’industrie du ciment enGambie se développe depuis la dernière décennie et qu’elle doitêtre autorisée à prospérer.
“Il s’agit d’une industrie qui se développe depuis 10 ans. Vous ne pouvez pas mettre un coup d’arrêt à cette industrie”, a-t-ilsouligné.
Il a également précisé que même s’il y avait des efforts pour rendre l’industrie du ciment du pays robuste et résiliente, la GCCI veut que chaque acteur de l’industrie soit traitééquitablement.
“Nous voulons l’équité. Chaque Gambien, quel que soit son milieu, doit pouvoir rejoindre l’industrie, concurrencer, croître et devenir le plus grand”, a déclaré le président Jobe.
Entre-temps, il a souligné que la GCCI croit de plus en plus que le développement d’une chaîne de valeur régionale est important. Il a poursuivi : “Nous avons vu que lorsque la guerre en Ukraine a commencé, nous ne pouvions même pas obtenir de blé enAfrique de l’Ouest jusqu’à ce que Macky Sall doive aller [aux négociations sur les exportations de céréales]. Donc, nous disonsque le Sénégal a du calcaire. C’est réel. Quand ils produisent le ciment, ils creusent le sol et 70% de tout ce dont ils ont besoinest déjà dans leur sol. Malheureusement, nous ne l’avons pas, mais je pense que nous devrions aborder notre relation avec le Sénégal de manière plus réactive et amicale car nous sommesinterdépendants.
“C’est Dieu qui nous a faits ainsi. Si vous allez au Sénégal, unSonko peut être Gambien, un Faye peut être… Ils [les Gambienset les Sénégalais] sont un seul peuple qui est interdépendant et nous pensons que nous devrions travailler avec le Sénégal sur les mesures tarifaires. Nous devrions avoir ce que j’appelle des Tarifs Extérieurs Communs (TEC). C’est-à-dire que si nous devons importer, disons du ciment, le Sénégal et la Gambiedoivent avoir la même taxe sur tout le ciment provenant de la zone. Si nous devons parler de la volaille parce que cette régionpeut produire de la volaille, nous devons dire que si le Sénégaltaxe la volaille, nous devons taxer de la même manière pour que nous arrêtions les importations externes et développionsl’interne. Mais nous ne devrions pas nous battre entre la Gambieet le Sénégal.”
Le président de la GCCI a conseillé que la Gambie ne devraitpas mettre en place des barrières commerciales pour les biensvenant du Sénégal.
“Même s’ils ne nous permettent pas, battons-nous pour qu’ilsnous permettent, mais nous ne devrions pas favoriser d’autresproduits par rapport aux produits sénégalais en raison de notreintégration. Plus nous travaillons ensemble, mieux c’est, non seulement du point de vue économique, mais aussi du point de vue de la sécurité, car nos économies doivent êtreinterdépendantes, car nous ne pouvons pas empêcher la circulation des biens entre le Sénégal et la Gambie, même si les gouvernements ne légifèrent pas. Donc, nous disons que ce qui ne peut pas être arrêté doit être encouragé”, a-t-il conseillé.