Par Arret Jatta
Le Secrétaire général de l’Union de la presse de Gambie (GPU), Modou S Joof, a présenté son document de position sur le projetde loi sur la cybercriminalité devant le Comité de l’Assembléenationale de l’Éducation et des TIC à Banjul mercredi.
M. Joof a déclaré que le projet de loi sur la cybercriminalité de 2023 vise à améliorer la capacité de la Gambie à répondreadéquatement aux incidents de cybercriminalité, selon le ministre de la Communication et de l’Économie numérique, pour le compte duquel le projet de loi a été présenté à l’Assembléenationale le 4 mars 2023.
« D’après notre évaluation, il existe quelques clauses dans le projet de loi qui soulèvent des préoccupations concernant la liberté de la presse et la liberté d’expression, qui pourraientaffecter spécifiquement les médias, les défenseurs des droits de l’homme, les activistes de l’opposition et, en général, les membres du public et les utilisateurs des réseaux sociaux », a-t-il déclaré.
Il a également mis en lumière certaines de ces clauses, notamment « Section 4, Sous-section 7, Section 5, Section 6(1)(a) ; et les paragraphes (b) et (c). Section 7, Section 8(1), Section 12(1), Section 13, Section 15, Section 16, et sous-section (6), Section 17(6), Section 18(2) ».
Il a expliqué que la section 6(1)(a) crée l’infraction de « faussesnouvelles ou informations contre une personne ».
« L’infraction de ‘fausses nouvelles ou informations’ est trop vaste et manque de clarté, posant une menace significative pour les droits humains. En 2018, la Cour communautaire de la CEDEAO a statué contre l’inclusion des ‘fausses nouvelles’ dans le Code pénal gambien, citant son impact néfaste sur les journalistes et la liberté d’expression », a-t-il déclaré au comité.
Il a ajouté que les paragraphes (b) et (c), qui établissent les infractions d’« incitation à la violence contre une personne » et de « harcèlement, abus ou déclarations diffamatoires contre unepersonne », présentent des défis similaires pour les défenseursdes droits humains, les journalistes et les citoyens ordinaires enraison de leur langage ambigu.
« Nous notons qu’il existe déjà une disposition dans le Code pénal, qui a été reproduite dans le projet de loi sur les infractions pénales de 2022 sur la ‘Publication et la diffusion de faussesinformations’, qui impose de sévères restrictions à la liberté des médias et à la liberté d’expression malgré les recommandationsde l’Union de la presse de Gambie et de la Cour de justice de la CEDEAO pour son retrait du code pénal, ainsi que conformément à la recommandation de la TRRC que le gouvernement a acceptée », a-t-il souligné.
« De même, en 2018, la Cour suprême de la Gambie, dans un jugement marquant, a considérablement renforcé l’exercice des droits numériques en déclarant inconstitutionnelle la loi sur la ‘Publication de fausses informations sur Internet’, qui était un amendement de 2013 à la Loi sur l’information et la communication de 2009, suite à un recours déposé par l’Unionde la presse de Gambie en avril 2017 », a ajouté le SG.
Il a également informé le comité que les dispositions ci-dessus dans le projet de loi sur la cybercriminalité de 2023 contredisentles droits constitutionnels fondamentaux qui affectentdirectement la liberté des médias, la liberté de parole et d’expression, tels que stipulés dans les sections 25(1)(a) et207(1) et (3) et 208 de la Constitution de 1997.
Il a fait des recommandations au comité, dont l’une est que « les dispositions de la Section 6(1)(a) et des sous-sections (b) et (c) du projet de loi sur la cybercriminalité de 2023 devraient êtreentièrement supprimées ou révisées pour garantir qu’ellesn’empiètent pas sur les droits et libertés fondamentaux ».
« Les Sections 5, 6 et 7 doivent être entièrement supprimées. Supprimez entièrement la section 12, qui ne répond pas aux critères de légalité et est formulée de manière si large qu’ellecriminaliserait le journalisme d’intérêt public ou la couverture médiatique. Supprimez la section 13 telle qu’écrite, qui ne correspond à aucune norme de cybercriminalitéinternationalement ou régionalement acceptée et qui criminaliserait non seulement la recherche académique et sécuritaire, mais aussi l’utilisation répandue des outils de sécurité numérique et d’anonymat par les journalistes et les défenseurs des droits humains », a-t-il ajouté.
Il a également recommandé que le projet de loi sur la cybercriminalité de 2023 soit soumis à un examen approfondiconformément aux principes de liberté d’expression et aux normes et principes internationaux des droits de l’homme.