Sidia appelle à l’adoption des langues locales dans l’architecturede gouvernance de la Gambie

Par : Fatoumatta Krubally

Dans un discours passionné qui a résonné dans les salles du Parlement gambien durant son mandat de législateur, l’honorable Sidia Jatta, président de l’Organisationdémocratique populaire pour l’indépendance et le socialisme(PDOIS), a soulevé une question cruciale longtemps ignorée : la marginalisation des langues nationales au profit de l’anglais et d’autres langues étrangères.

« Les Gambiens ont voté pour que vous les représentiez, maiscomment pouvez-vous représenter le peuple s’il ne comprendpas ce que vous dites ? » a-t-il interrogé, soulignant unedéconnexion qui touche la majorité de la population gambienne.

Les propos de Jatta mettent en lumière une réalité frappante : 80 % des Gambiens ne parlent pas anglais, pourtant leursreprésentants s’expriment dans une langue qui les exclut. L’ancien député a insisté sur le fait que cette barrièrelinguistique n’est pas seulement une question de communication, mais un problème fondamental qui freine le développement national. « Il ne peut y avoir de développementsans donner la priorité à ce qui est essentiel », a-t-il affirmé, enpointant du doigt l’héritage colonial qui continue de façonnernotre société, où parler anglais est souvent perçu comme un signe d’éducation et de prestige.

Le président a déploré la manière dont les puissances colonialesont inculqué un sentiment d’infériorité à la population locale, amenant beaucoup à mépriser leurs propres langues. « On nous aappris à nous haïr nous-mêmes », a-t-il déclaré, appelant à uneréévaluation du système éducatif qui privilégie les languesétrangères au détriment des dialectes locaux. Il a soutenu que, tandis que des pays comme la Chine prospèrent en valorisantleur langue maternelle, la Gambie continue de suivre une voieerronée qui néglige son patrimoine culturel.

L’appel à l’action de Jatta est clair : il est temps pour les Gambiens de revendiquer leur identité et de reconnaîtrel’importance de leurs langues dans les débats publics. « Nous ne sommes pas malades ; nous sommes simplement déconnectés de nos racines », a-t-il déclaré, exhortant les parlementaires à réfléchir à leur rôle dans la représentation d’une population diversifiée. L’avenir de la Gambie, selon lui, repose sur la capacité à favoriser l’inclusivité et la compréhension par le biaisde la langue.

Les paroles puissantes de l’honorable Sidia Jatta résonnentcomme un rappel que la véritable représentation va au-delà des simples promesses politiques. Elle nécessite une reconnaissance de la diversité culturelle et linguistique qui définit notre nation. Alors que la Gambie trace sa voie vers le développement, l’adoption de nos langues nationales pourrait être la clé pour combler le fossé entre le peuple et ses dirigeants.