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Les membres des comités chargés de la mise en œuvre des recommandations post-TRRC visitent la Maison de la Mémoire, ravivant des souvenirs de la dictature

Par Yunus S. Saliu

Les membres du Comité de pilotage et du Comité technique pour la mise en œuvre du cadre national de mémorialisationpost-TRRC, actuellement en formation d’une semaine, onteffectué mardi une visite d’étude à la Maison de la Mémoiresituée à Kanifing.

Cette visite, qui faisait partie de leur formation en cours, a ravivé de vifs souvenirs des 22 années de régime brutal de l’ancien dictateur Yahya Jammeh, suscité des craintes liées à sadictature et renforcé la campagne « Plus jamais ça ».

La formation, organisée par le ministère de la Justice encollaboration avec la Coalition internationale des sites de conscience (ICSC), met l’accent sur la mise en œuvre d’unestratégie coordonnée de mémorialisation centrée sur les victimes.

À un moment où les victimes de la dictature de Jammeh attendent avec impatience la mise en œuvre des recommandations de la TRRC, cette visite a rappelé les jourssombres où la peur régnait sur le pays et souligné l’urgenced’atteindre les objectifs de la campagne « Plus jamais ça ».

La Maison de la Mémoire a été créée pour permettre à chacun de revisiter les jours sombres de la Gambie sous un régime brutal. Conçue pour préserver les récits de ceux qui ont souffert sous la dictature entre 1994 et 2017, elle offre des témoignages « de première main » sur les liens humains entre le passé, le présentet l’avenir. Elle symbolise également la résilience et sert de rappel poignant des jours où la peur dominait en Gambie.

Gegê Leme Joseph, gestionnaire principal de programme pourl’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes de l’ICSC, a dirigél’équipe en visite, tandis que Sirra Ndow, directrice nationaled’ANEKED Gambie, a présenté l’historique de la Maison.

Elle a expliqué que la Maison de la Mémoire, surnommée un Site de conscience, est un lieu de mémoire pouvant être un site historique, un musée ou un centre mémoriel, abritant le projet « Devoir de mémoire ».

« C’est une initiative unique en Gambie qui promeut la justice et contribue à instaurer une culture durable des droits humains et de l’empathie dans le pays », a-t-elle ajouté.

Mme Ndow a également expliqué que le projet « Devoir de mémoire » est une initiative de mémorialisation et uneexposition permanente lancée par ANEKED. Elle a précisé que ce projet s’appuie sur le travail d’ANEKED et du journal The Point pour documenter les audiences publiques de la TRRC à travers le projet Digest de la commission.

« Conformément au mandat d’ANEKED, des portraits des familles et victimes de disparitions forcées et d’exécutionsextrajudiciaires sont exposés », a-t-elle précisé.

La Maison de la Mémoire est divisée en deux sections : l’unitéd’exposition et l’unité documentaire. Cette dernière estaménagée avec des sièges permettant aux visiteurs de visionnerdes documentaires sur grand écran. L’unité d’exposition est, quant à elle, segmentée en trois parties, avec une belle cour bien entretenue où les visiteurs peuvent s’asseoir et se détendre lorsde leurs visites ou recherches.

La Maison de la Mémoire abrite des portraits issus du projet de photographie documentaire et une série de petites boîtesappelées « Disparus mais pas oubliés ». Ces boîtes contiennentdes objets appartenant à des personnes disparues ou assassinées, tels que des vêtements ou d’autres effets personnels que les familles des victimes ont choisi de partager avec le public.

« Ces objets, propriétés des victimes, fournissent un espace de deuil et de réflexion pour les familles tout en rappelant au public l’humanité souvent oubliée des disparus et des tués », a ajouté la directrice d’ANEKED.

Cela dit, les membres des comités post-TRRC, qui ont visité la Maison de la Mémoire mardi, ont été submergés par le chagrin et confrontés à une réalité historique glaçante encore non résolue. Les souvenirs du passé prennent vie dans la Maison, et c’est avec l’émotion du « Plus jamais ça » qu’ils ont traversé les expositions et visionné les documentaires présentés. Les vieillesblessures se sont rouvertes tandis que l’accent mis sur la campagne « Plus jamais ça » et l’engagement inébranlable à prévenir le retour de la dictature résonnaient dans toute la Maison et le centre de formation.

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