Par : Nyima Sillah
Mamadou Sere, conseiller technique auprès du ministre de l’Économie et des Finances du Burkina Faso, a révélé que des milliards de dollars sont perdus chaque année en raison des flux financiers illicites dans les pays africains.
Il a fait cette déclaration le mardi 11 février 2025 lors de l’ouverture officielle d’une formation de deux jours destinée aux journalistes membres du Réseau africain des médias fiscaux (ATMEN) et aux autorités des administrations fiscales. Cette formation a été organisée par la Direction générale des impôts (DGI) du Burkina Faso en partenariat avec le Forum africain des administrations fiscales (ATAF). Elle s’est tenue à l’hôtel Sopatel Silmandé, à Ouagadougou, Burkina Faso.
Mamadou Sere a souligné que la fiscalité est aujourd’hui un levier essentiel pour assurer le développement durable des nations, mais que l’un des principaux défis auxquels sont confrontées les administrations fiscales est celui des flux financiers illicites (FFI).
« Ces flux, en plus de faciliter le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale, favorisent la corruption et privent nos États de ressources cruciales pour la mise en œuvre de politiques publiques ambitieuses dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures et du développement économique », a-t-il déclaré.
« Les chiffres sont alarmants, car chaque année, les pays africains perdent des milliards de dollars à cause des flux financiers illicites. Il est donc impératif de renforcer nos mécanismes pour lutter contre ces pratiques et travailler ensemble à la mise en place de stratégies efficaces afin d’endiguer cette hémorragie financière qui freine nos efforts de développement », a-t-il poursuivi.
- Sere, en tant que responsable financier et conseiller technique du ministre burkinabé de l’Économie et des Finances, a affirmé que le rôle des médias est crucial dans la promotion de la transparence fiscale et l’encouragement des changements positifs dans la société.
Il a estimé que les résultats de cette formation devraient aboutir à des recommandations pertinentes et à des actions concrètes pour une lutte plus efficace contre les flux financiers illicites.
Eugene Southgate, représentant le secrétaire exécutif du Forum africain des administrations fiscales (ATAF), a souligné que l’atelier vise à combler les lacunes en favorisant le dialogue, en renforçant la compréhension mutuelle et en développant des stratégies de communication efficaces.
Il a insisté sur le fait qu’une mauvaise compréhension ou une mauvaise représentation des politiques fiscales entraîne des idées fausses, une diminution de la conformité et, par conséquent, des pertes de revenus qui ont un impact sur le développement national.
« Lorsque les questions fiscales sont bien communiquées, elles favorisent la confiance, la responsabilité et la conformité volontaire, qui sont des éléments clés pour une mobilisation durable des recettes intérieures », a-t-il expliqué.
Il a précisé qu’une administration fiscale efficace nécessite une approche collaborative, notant que les autorités fiscales et les médias partagent un objectif commun : servir l’intérêt public.
« Alors que les administrations fiscales œuvrent pour mettre en place des systèmes fiscaux justes et efficaces, les médias veillent à ce que ces efforts soient compris et scrutés par le public. »
« Efforçons-nous de rendre les questions fiscales accessibles, compréhensibles et pertinentes pour tous. Et surtout, continuons à œuvrer pour un système fiscal qui non seulement génère des revenus, mais qui renforce également la confiance entre les gouvernements et leurs citoyens », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le président du Réseau africain des médias fiscaux (ATMEN), Denicius Kaihenneh Sengbeh, a décrit la fiscalité comme le moteur du développement de toute nation et a souligné le rôle crucial des journalistes dans la perception publique des politiques fiscales, des réformes et des obligations.
« Notre travail ne concerne pas seulement les impôts, mais aussi l’avenir de l’Afrique. Il s’agit de faire comprendre que la fiscalité est un outil de développement et non une contrainte. Il s’agit de responsabilité, d’indépendance économique et de renforcement de la confiance entre les gouvernements et les citoyens, à travers le contrat social.
En tant que journalistes, communicateurs et défenseurs de la justice fiscale, nous sommes les messagers du changement. Nos plumes, nos micros et nos caméras ne sont pas de simples outils, mais des instruments d’autonomisation qui favorisent la compréhension entre les autorités fiscales et les citoyens qu’elles servent. Nous devons comprendre que la fiscalité ne se résume pas à des chiffres, mais constitue le moteur de nos économies, le socle de nos infrastructures et le catalyseur de l’Afrique que nous rêvons tous de voir émerger », a conclu le président d’ATMEN.