Par Fatou Krubally
Lors d’une déclaration choquante devant la Commission d’enquête sur les collectivités locales (LGCI) mercredi, un haut responsable du conseil régional de Kuntaur a avoué avoir accepté un pot-de-vin en échange de l’attribution d’un contrat. Cette révélation met en lumière une culture de corruption profondément enracinée dans la gestion des affaires locales.
Lamin Kujabi, directeur de la planification et du développement du conseil, a témoigné qu’il avait reçu 50 000 D du contractant Lamin Y.F.A. Mboge sur instruction directe du directeur général du conseil, Momodou Sambou. Il a décrit ce paiement comme faisant partie d’un arrangement plus large de rétrocommissions impliquant plusieurs hauts responsables.
« J’ai reçu l’argent et je l’ai remis au DG Sambou », a déclaré Kujabi à la Commission, ajoutant que les fonds ont ensuite été répartis entre les principaux membres du conseil. Selon lui, 20 000 D ont été versés à la fois à lui-même et au directeur des finances, tandis que l’agent des marchés publics a reçu 10 000 D, et le DG Sambou a empoché 50 000 D.
Kujabi a également révélé que les entrepreneurs gonflaient les coûts des projets pour couvrir ces pots-de-vin, une pratique qui a directement contribué à la mauvaise gestion financière et à l’augmentation des dépenses du conseil. « C’est ainsi que les choses se font depuis longtemps », a-t-il admis.
L’avocat principal Patrick Gomez l’a interrogé sur le caractère systématique de cette pratique au sein du conseil. Kujabi a répondu : « C’était connu au sommet. Si vous ne jouiez pas le jeu, vous étiez mis à l’écart. »
La Commission, qui enquête sur la corruption et les fautes administratives dans les conseils locaux entre mai 2018 et janvier 2023, a exigé des documents supplémentaires concernant le contrat et les transactions financières.
À mesure que l’enquête progresse, les aveux de Kujabi pourraient avoir des répercussions considérables, impliquant potentiellement d’autres responsables dans ce qui semble être un abus de pouvoir systémique. La Commission devrait entendre d’autres témoins pour dévoiler l’ampleur de la corruption au sein des structures gouvernementales locales.