Miser sur la confiance : l’accord risqué de 122 millions de dalasis d’AGIB Bank exposé

Par : Fatou Krubally

La Directrice Générale de l’Arab Gambia Islamic Bank (AGIB), Isatou Jawara, et le Responsable des Opérations de la banque, Ousainou Jallow, ont fait l’objet d’un examen minutieux le jeudi 12 février 2025 lors de leur comparution devant la Commission d’Enquête sur les Collectivités Locales (LGCI) concernant le rôle de la banque dans le financement d’un projet controversé d’acquisition de camions dans le cadre de l’Initiative Mbalit.

La LGCI a révélé qu’AGIB, en partenariat avec Espace Motors (également connu sous le nom de Quantum), avait facilité l’achat de camions pour un montant de 122 millions de dalasis sans procéder à une évaluation financière indépendante de son partenaire commercial. La marge bénéficiaire de la banque sur l’accord s’élevait à 13 millions de dalasis, tandis qu’Espace Motors devait percevoir 8 millions de dalasis.

Cependant, sous l’interrogatoire incisif de l’Avocat Principal Patrick Gomez, il est apparu que le comité de gestion des crédits d’AGIB Bank n’avait ni examiné ni approuvé l’accord de financement. La banque s’était plutôt appuyée sur sa relation commerciale de longue date avec Espace Motors.

« Le projet ne disposait d’aucune garantie spécifique », a admis Jawara lors de son témoignage. Elle a insisté sur le fait que le financement reposait sur la confiance qu’AGIB Bank accordait à son partenaire commercial, ajoutant qu’Espace Motors disposait déjà de garanties auprès de la banque.

Le Responsable des Opérations, Jallow, a soutenu cette position en affirmant qu’AGIB Bank détenait un mémorandum de dépôt avec Quantum couvrant toutes les transactions. Cependant, il a reconnu que les fonds attendus du projet n’avaient pas été perçus comme prévu, obligeant AGIB Bank à réclamer un paiement au Conseil Municipal de Kanifing (KMC), qui était initialement censé générer des revenus pour rembourser le prêt.

« Si les fonds avaient été versés comme prévu, il n’aurait pas été nécessaire de solliciter le KMC », a admis Jallow, tout en reconnaissant qu’AGIB Bank avait mal évalué la viabilité financière du projet.

La LGCI a également entendu des témoignages contradictoires concernant une demande précédente du KMC pour une facilité de crédit. L’ancien Responsable des Relations d’AGIB Bank, Samba Faye, avait auparavant témoigné que cette demande avait été refusée, mais Jallow a affirmé ne pas se souvenir d’une telle discussion au niveau de la direction.

Gomez n’a pas ménagé ses critiques, remettant en cause les responsables d’AGIB Bank pour leur absence d’évaluation des risques avant de débloquer une somme aussi importante.

« Était-il suffisant de se fier à un protocole d’accord pour financer l’achat de camions sans garantie, sans approbation du comité de crédit et sans une évaluation appropriée des risques ? » a demandé Gomez d’un ton incisif.

Face à l’incapacité d’AGIB Bank à fournir des réponses claires, Gomez a conclu que la banque avait failli à son devoir de diligence.

« Dès le départ, la principale source de remboursement des fonds par les collectivités locales n’a pas permis de générer les revenus nécessaires », a noté Gomez, soulignant que la décision d’AGIB Bank de financer cet accord sans garanties adéquates avait rendu le projet financièrement vulnérable dès le début.

Alors que l’enquête se poursuit, la gestion du financement par AGIB Bank et son approche globale en matière de gestion des risques restent sous un examen rigoureux.

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