La CEDEAO et le ministère du Genre unissent leurs forces pour éliminer les violences basées sur le genre

Par : Fatou Krubally

Le ministère du Genre, de l’Enfance et du Bien-être social s’est associé au Centre de développement du genre de la CEDEAO pour organiser un atelier national de formation de trois jours axé sur la prévention et la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) et le harcèlement sexuel.

L’atelier, qui a débuté jeudi au Centre international de conférences Sir Dawda Kairaba Jawara, réunit des acteurs judiciaires, sanitaires et sociaux. Son objectif est de renforcer leurs capacités pour une prise en charge efficace des cas de VBG, allant du soutien médical et juridique aux survivantes à la collecte de données et à la réinsertion socio-économique.

Dans son discours d’ouverture, la ministre du Genre, de l’Enfance et du Bien-être social, Fatou Kinteh, a souligné l’urgence de s’attaquer aux VBG, qualifiant le phénomène de « défi pressant » en Gambie et dans toute la région de la CEDEAO.

Elle a cité les statistiques récentes du Bureau national des statistiques de Gambie, révélant que 20,1 % des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques et 7,5 % des violences sexuelles.« Ces chiffres ne sont pas que des données. Ils représentent la réalité douloureuse de nombreuses femmes et filles qui endurent en silence des traumatismes et des injustices », a-t-elle déclaré. « Cet atelier est une étape cruciale pour garantir aux survivantes le soutien médical, juridique et psychosocial dont elles ont besoin, tout en tenant les auteurs responsables de leurs actes. »

L’atelier s’appuie sur les engagements pris lors de la formation régionale de la CEDEAO tenue à Lomé, au Togo, en 2024. L’un de ses principaux objectifs est d’élaborer une feuille de route nationale pour la mise en œuvre de la stratégie de la CEDEAO sur les violences sexuelles et basées sur le genre.

Le conseiller politique Claude Kondor, représentant la CEDEAO, a réaffirmé l’engagement de l’organisation à combattre les VBG. Il a rappelé que la CEDEAO a adopté plusieurs politiques, dont la Déclaration sur la tolérance zéro envers les violences sexuelles et basées sur le genre et la Politique de la CEDEAO sur le harcèlement sexuel en milieu de travail et dans les institutions éducatives.

« La CEDEAO travaille activement avec la Gambie pour renforcer les cadres politiques, fournir un appui technique et améliorer la collaboration avec les parties prenantes afin d’éliminer les VBG », a-t-il déclaré.

Madame Odile Ndumbe Faye, chargée de programme pour le genre et la société civile au Centre de développement du genre de la CEDEAO, a annoncé que l’organisation a obtenu une subvention de 1,2 million de dollars pour soutenir la lutte contre les VBG dans ses États membres. Ces fonds serviront à aligner les lois nationales sur les politiques régionales et à améliorer les mécanismes de prévention et de réponse aux VBG.

Malgré des avancées, des défis subsistent. La ministre Kinteh a pointé du doigt les normes sociales qui dissuadent les survivantes de signaler les abus, l’application insuffisante des lois et le manque de financement des programmes de lutte contre les VBG.

Cependant, elle a souligné que la Gambie progresse grâce à des lois telles que la Loi sur les droits des femmes (2010), la Loi sur les infractions sexuelles (2013), la Loi sur la violence domestique (2013) et la Politique de genre (2023-2032).

L’atelier explore également des solutions innovantes, notamment des outils numériques pour signaler les cas de VBG, des services de conseil en ligne et des politiques basées sur les données.

Le gouvernement s’est engagé à allouer des fonds supplémentaires pour soutenir les survivantes de VBG à travers le Fonds VBG et le Fonds juridique pour le genre (GLF) pour 2024 et 2025.

Alors que l’atelier se poursuit, les parties prenantes espèrent que les discussions et formations aboutiront à une meilleure protection des survivantes et à une réponse plus coordonnée contre les VBG en Gambie et dans toute la région de la CEDEAO.

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