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La CNDH exprime son inquiétude face au refus de l’Assemblée nationale d’accorder le droit de vote aux Gambiens de la diaspora

Par : Malanding Darboe

La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a exprimé son inquiétude face à la privation du droit de vote des Gambiens de la diaspora par l’Assemblée nationale.

La CNDH a déclaré que le vote de l’Assemblée nationale sur le projet de loi électorale de 2021, tenu le mardi 4 mars 2025, prive effectivement les Gambiens de la diaspora de leur droit fondamental de voter.

“Le droit des Gambiens de la diaspora de participer aux élections et aux affaires publiques fait l’objet d’un débat national depuis 2017. La Commission électorale indépendante (CEI) et le gouvernement gambien ont, à plusieurs reprises, assuré au public que des mesures seraient prises pour faciliter le vote des membres de la diaspora avant l’élection présidentielle de 2026. Cependant, le récent vote de l’Assemblée nationale rejetant l’article 14 du projet de loi électorale de 2021 remet en cause ces engagements, privant ainsi un segment important de la société gambienne de ses droits. Pourtant, cette communauté continue de contribuer de manière inestimable au développement socio-économique du pays, comme en témoigne l’afflux de transferts de fonds représentant environ 31,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2024”, a déclaré la CNDH dans un communiqué signé par son président, Emmanuel Daniel Joof.

“La CNDH a constamment plaidé en faveur de l’inclusion du droit de vote des membres de la diaspora dans le processus électoral de la Gambie. En mai 2021, lors d’une réunion avec la commission mixte de l’Assemblée nationale sur le gouvernement régional, les terres, la CEI, l’Ombudsman ainsi que les droits de l’homme et les questions constitutionnelles concernant alors le projet de loi électorale de 2020, la CNDH a fermement et sans équivoque défendu l’octroi du droit de vote aux Gambiens vivant à l’étranger”, ajoute le communiqué.

La CNDH a rappelé que, le 27 janvier 2021, la Cour suprême de Gambie s’était prononcée en faveur de cinq Gambiens qui avaient contesté l’exclusion de la diaspora du processus électoral par la CEI et le gouvernement gambien.

“La Cour a réaffirmé leurs droits politiques, déclarant que la privation systématique et continue du droit de vote aux Gambiens vivant à l’étranger était illégale et violait leurs droits fondamentaux. La Cour a explicitement affirmé que, conformément à l’article 39 de la Constitution, tout Gambien, y compris ceux résidant à l’étranger, a le droit d’être inscrit sur les listes électorales et de voter aux élections, y compris celles pour la présidence, l’Assemblée nationale, les collectivités locales, les chefs traditionnels et les référendums”, indique le communiqué.

La CNDH a souligné que, malgré les défis constitutionnels et logistiques possibles, “comme l’a évoqué le ministre de la Justice lors du débat à l’Assemblée nationale, de nombreux Gambiens estiment que la CEI et le gouvernement avaient largement le temps de résoudre ces problèmes”.

“Plusieurs pays de la sous-région, notamment le Sénégal, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire et le Niger, ont réussi à accorder le droit de vote à leurs communautés diasporiques. La CNDH est fermement convaincue que la Gambie, avec de la volonté et un engagement politique, peut également permettre à ses citoyens de la diaspora d’exercer leur droit de vote.”

“La CNDH appelle le gouvernement gambien et la CEI à prendre des mesures immédiates et concrètes pour honorer leur engagement à permettre aux Gambiens de la diaspora d’exercer leur droit de vote. En tant que droit démocratique fondamental, chaque citoyen éligible, indépendamment de son lieu de résidence, doit avoir le droit et la possibilité de voter et d’être élu. Ce droit est reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auxquels la Gambie est partie”, conclut le communiqué.

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