Une militante des droits des femmes s’inquiète des défis persistants auxquels elles sont confrontées et appelle à une intervention du gouvernement

Par : Nyima Sillah

La défenseuse des droits humains et militante des droits des femmes, Musu Bakoto Sawo, a exprimé son inquiétude face aux défis auxquels les femmes gambiennes continuent de faire face et a appelé le gouvernement à intervenir pour améliorer leur bien-être.

S’exprimant auprès de The Voice en amont des célébrations de la Journée internationale des droits des femmes, Mme Sawo a souligné l’importance pour le gouvernement de combler les lacunes qui freinent encore les progrès des femmes.

“L’un des problèmes les plus urgents est l’amélioration de l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. La mortalité maternelle reste un défi majeur, avec de nombreuses femmes qui perdent la vie en raison d’un manque d’infrastructures sanitaires adéquates, d’une pénurie de personnel médical qualifié et d’un accès limité aux services de planification familiale”, a-t-elle souligné.

“Le gouvernement doit investir dans l’extension des services de santé maternelle, en veillant à ce que les femmes, en particulier celles des zones rurales, aient accès à des soins prénatals et postnatals de qualité, à des services obstétriques d’urgence et à une éducation sur la santé reproductive”, a insisté la militante des droits des femmes.

Elle a également relevé que, bien que la Gambie dispose de lois protégeant les femmes contre les violences sexuelles et basées sur le genre (SGBV), y compris les mutilations génitales féminines (MGF) et d’autres pratiques traditionnelles néfastes, leur application reste faible. Elle affirme que de nombreuses femmes et filles continuent de subir ces violations en raison de la résistance culturelle, du manque de sensibilisation juridique et de la mise en œuvre inefficace des lois existantes.

“Le gouvernement doit renforcer les mécanismes d’application des lois en formant les agents de police, les magistrats et les professionnels de la santé pour qu’ils puissent traiter efficacement les cas de SGBV”, a insisté Mme Sawo.

Par ailleurs, la militante a souligné un autre domaine critique nécessitant une attention urgente : la sous-représentation des femmes dans les instances décisionnelles clés, y compris au sein de l’Exécutif.

“Les voix et perspectives des femmes restent marginalisées en politique et dans la gouvernance, limitant leur capacité à influencer les politiques qui les concernent directement. Le gouvernement devrait introduire des politiques d’action positive, comme des quotas de genre, afin d’accroître la participation des femmes aux postes de direction”, a-t-elle plaidé.

“Les partis politiques doivent également être encouragés à soutenir et à nommer davantage de candidates, tandis que des programmes de formation au leadership et de renforcement des capacités doivent être mis en place pour aider les femmes à acquérir les compétences et la confiance nécessaires pour occuper des rôles de responsabilité.”

Elle a déploré que l’absence d’égalité des sexes dans les postes de direction ait un impact profond sur la jeune génération, en particulier sur les jeunes filles aspirant à des rôles décisionnels. Elle a affirmé que si les femmes continuent à lutter pour s’imposer dans ces fonctions, cela renforce l’idée que le leadership est principalement masculin, décourageant ainsi les jeunes filles d’emprunter des parcours professionnels ambitieux.

“Ce manque de représentation peut réduire leur confiance en elles, limiter leurs aspirations et leur faire croire que leurs voix et contributions ont moins de valeur dans la société. Il prive également la jeunesse de modèles diversifiés”, a-t-elle expliqué.

Mme Sawo a souligné que voir des femmes occuper des postes influents contribue à briser les stéréotypes et inspire aussi bien les filles que les garçons à croire en un leadership inclusif.

“Sans une forte représentation féminine, les normes traditionnelles qui cantonnent les femmes à certains rôles sociaux continueront de perdurer, rendant l’égalité des sexes encore plus difficile à atteindre à l’avenir”, a-t-elle averti.

Elle a poursuivi en expliquant que les obstacles persistants à l’accès des femmes aux postes de direction entravent le développement national, car les femmes apportent des perspectives et des expériences uniques, essentielles pour élaborer des politiques inclusives bénéficiant à toute la société.

“Si les jeunes grandissent dans un système où le leadership est dominé par les hommes, ils risquent d’adopter les mêmes préjugés, rendant encore plus difficile l’atteinte de l’égalité pour les générations futures. Pour remédier à cette situation, il est crucial d’autonomiser et de soutenir les jeunes filles à travers l’éducation, le mentorat et la formation au leadership”, a-t-elle déclaré.

Ajoutant : “Le gouvernement et la société civile doivent travailler ensemble pour créer un environnement où les femmes ne sont pas seulement encouragées à prendre des responsabilités, mais où elles bénéficient également d’opportunités égales pour y parvenir. Lorsque les jeunes filles voient des femmes briser les barrières et exceller dans des rôles de leadership, elles sont plus susceptibles de croire en leur propre potentiel, ce qui mènera à une société plus équitable et progressiste.”

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *