Par : Fatou Krubally
Une session mouvementée s’est déroulée mardi devant la Commission d’enquête sur les collectivités locales (Local Government Commission of Inquiry, LGCI), où d’anciens et actuels responsables ont été interrogés sur un paiement frauduleux présumé de 510 000 D en avril 2019.
Les témoignages ont révélé des versions contradictoires sur l’autorisation et la réception des fonds, soulevant de graves inquiétudes quant à la mauvaise gestion financière au Conseil de la région de Kerewan.
Lors des audiences, Seedy Touray, ancien PDG du Conseil de la région de Kerewan, a été pressé de questions au sujet du bon de paiement indiquant que l’argent avait été versé à Lamin A.S. Marena. Cependant, ce dernier a nié avoir reçu ces fonds.
- Marena, ancien directeur financier, avait témoigné plus tôt qu’il n’avait jamais signé le document.
Nyakassi Cassama, un fonctionnaire présent à l’audience, a été interrogé directement sur la signature figurant sur le bon de paiement. Il a catégoriquement nié l’avoir apposée, affirmant que sa signature avait été falsifiée. Malgré cela, Touray a insisté que Nyakassi avait bel et bien signé le document.
L’ancien directeur financier Alasana Keita a appuyé la version de Touray, déclarant que Nyakassi avait signé au nom de Sanneh and Sons, l’entreprise mentionnée dans le contrat. Cependant, l’avocat principal Patrick Gomez a immédiatement contesté cette déclaration, demandant pourquoi un fonctionnaire signerait au nom d’un entrepreneur privé. Lorsqu’on lui a demandé si Nyakassi disposait d’une procuration pour représenter Sanneh and Sons, Keita a admis qu’aucun document de ce type n’existait.
Maître Gomez n’a pas mâché ses mots, accusant les responsables de vouloir dissimuler une fraude financière. Il a souligné que si Nyakassi ne travaillait pas pour Sanneh and Sons, il n’avait aucune autorité légale pour signer en leur nom.
Confronté à d’autres documents, Touray a eu du mal à expliquer les incohérences. Il a fini par admettre que le contrat avait été attribué directement à Nyakassi sur instructions du PDG Touray.
À un moment donné, Gomez a remis en question la compétence de Touray en tant qu’ancien PDG, lui demandant s’il pensait réellement être qualifié pour ce poste. Touray a répondu par l’affirmative.
Au fil de l’enquête, il est apparu que Nyakassi avait représenté trois entreprises différentes dans des contrats précédents, alimentant davantage les soupçons de corruption. Même Keita, après un interrogatoire insistant, a reconnu que la procédure « n’était pas normale ».
La commission a ordonné à Seedy Touray de fournir des copies de tous les documents pertinents, y compris le chèque utilisé pour le paiement de 510 000 D. L’enquête a également mis en évidence des signatures falsifiées, un non-respect des procédures et de possibles pots-de-vin impliquant des hauts responsables du conseil.
Avec des preuves de plus en plus accablantes, la Commission d’enquête sur les collectivités locales poursuivra ses investigations, avec d’autres témoignages attendus dans les prochains jours.