Par : Fatou Krubally
Le responsable des licences du Conseil municipal de Banjul (BCC), Pa Modou Ndaw, a témoigné lundi devant la Commission d’enquête sur les collectivités locales (LGCI), révélant d’importantes divergences de revenus et mettant en lumière des problèmes systémiques dans le mécanisme de surveillance financière du conseil.
Dans son témoignage, Ndaw a évoqué un incident préoccupant survenu en 2022, impliquant un déficit de 500 000 D dans la collecte des revenus. Il a expliqué que cette somme importante, issue des frais de licences commerciales, avait été collectée mais jamais déposée sur le compte bancaire officiel du conseil. Une enquête interne a permis de retracer ces fonds manquants jusqu’à un collecteur de revenus qui les avait détournés à des fins personnelles, exploitant les lacunes du système de surveillance du conseil.
Ndaw a détaillé la dépendance du conseil aux registres manuels pour la gestion des transactions de revenus. Ce système obsolète, selon lui, était sujet à des erreurs humaines et compliquait l’exactitude des rapports financiers. L’absence de processus automatisés augmentait non seulement le risque de divergences, mais retardait également la détection des irrégularités financières.
Interrogé sur les pratiques d’audit du conseil, Ndaw a reconnu que les rapprochements financiers réguliers étaient rarement effectués. Il a attribué cette négligence au sous-effectif de l’unité d’audit interne, qui avait du mal à suivre le volume de transactions nécessitant une supervision. Ce manque de personnel, selon lui, créait un environnement propice à la mauvaise gestion financière sans détection rapide.
Le principal avocat, Patrick Gomez, a approfondi l’enquête sur les procédures de passation des marchés du conseil. Ndaw a admis que plusieurs contrats avaient été attribués sans respecter le processus obligatoire d’appel d’offres concurrentiel. Il a cité un exemple datant de 2023, où un contrat de gestion des déchets, d’une valeur de 2 millions de dalasis, avait été accordé à une entreprise appartenant à un parent d’un haut responsable du conseil. Cette violation des protocoles d’achat standards a soulevé des inquiétudes quant aux conflits d’intérêts et au favoritisme au sein des opérations du conseil.
Le témoignage de Ndaw a également mis en évidence des problèmes liés à la rémunération du personnel. Il a révélé que des augmentations de salaires et des indemnités avaient souvent été mises en œuvre sans autorisation appropriée des organes de surveillance compétents. Dans un cas, les cadres du conseil ont approuvé une augmentation salariale de 25 % pour eux-mêmes en 2021 sans consulter la Commission des services des collectivités locales, comme l’exige la réglementation. Cette décision non autorisée violait les protocoles établis et soulignait un manque de responsabilité au sein de la direction du conseil.
Concernant les outils de gestion financière du conseil, Ndaw a reconnu l’absence d’instruments essentiels tels qu’un registre des actifs fixes et un manuel financier complet. Cette lacune, selon lui, a contribué à l’incapacité du conseil à suivre efficacement ses actifs et à maintenir une discipline financière. Sans ces outils essentiels, le conseil manquait d’un cadre clair pour ses opérations financières, augmentant ainsi le risque de mauvaise gestion.
Ndaw a également évoqué les implications plus larges de ces problèmes internes. Il a suggéré que l’absence de transparence et de responsabilité au sein du BCC pourrait éroder la confiance du public et entraver la capacité du conseil à servir efficacement la communauté. Les problèmes systémiques mis en évidence dans son témoignage soulignent la nécessité de réformes approfondies pour remédier aux causes profondes de la mauvaise gestion financière.
Les révélations du témoignage de Ndaw dressent un tableau inquiétant des opérations financières du Conseil municipal de Banjul. La divergence de revenus de 500 000 D, combinée aux échecs systémiques en matière de surveillance financière, de passation de marchés et de rémunération du personnel, met en évidence l’urgence d’une réforme. Alors que la Commission d’enquête sur les collectivités locales poursuit son investigation, ces constats renforcent la nécessité d’une transparence accrue, d’une responsabilisation renforcée et du respect strict des protocoles établis pour restaurer la confiance du public dans la gouvernance locale.